Hamidou Pafadnam, l’espoir d’une famille déplacée interne au Burkina Faso

Les chiffres sur la situation humanitaire au Burkina Faso sont alarmants. En avril 2022, les attaques armées ont causé le déplacement de plus de 1 850 000 personnes (30 avril 2022), occasionnant une crise alimentaire et nutritionnelle sans précédent. Environ 3,4 millions de personnes, soit 17% de la population, seront exposées à la faim, durant la période de soudure qui s’annonce (juin-août). Les enfants, ces groupes vulnérables, supportent le plus lourd fardeau en termes d’atteinte à leurs droits essentiels, comme l’accès aux services sociaux de base. En effet, à la date du 30 avril 2022, le nombre d’établissements scolaires fermés s’élève à 4 148 écoles, soit une hausse de 484 structures éducatives par rapport au mois de mars 2022 (Rapport ESU/ Burkina Faso 2022). Aux côtés de l’Etat burkinabè, SOS Villages d’enfants et d’autres organisations tentent de parer au pire en portant assistance aux personnes dans le besoin. L’histoire de la famille Pafadnam que nous avons rencontrée à Kaya (chef-lieu de la région du centre-nord) est poignante. Elle témoigne de l’état d’un pays en plein enlisement, et rend compte de l’urgence de poursuivre les efforts, afin de venir en aide à ces millions de familles au bord du gouffre.

Famille Pafadnam, sortie Est de la ville de Kaya dans la région du Centre-nord du Burkina Faso, une localité fortement éprouvée par les attaques armées. Il vient d’être 15h00, et le soleil en cet après-midi est d’une intensité exceptionnelle, au point de contraster avec le temps habituellement nuageux de cette période de l’année, annonciateur de la saison des pluies. C’est l’un des nombreux signes funestes des effets des changements climatiques qui ont négativement marqué leur présence ces dernières années au Burkina Faso, et qui plongent bon nombre de ménages vulnérables dans l’insécurité alimentaire.

Assis devant la porte de leur maison, Hamidou Pafadnam et sa mère Absétou nous attendent avec impatience. Julha, une animatrice de SOS Villages d’Enfants au Burkina Faso, bien connue dans la famille pour avoir facilité la prise en charge de Hamidou, leur avait promis une visite de courtoisie. L’occasion faisant le larron, nous y voilà ! Après les salutations d’usage, Julha explique à nos hôtes l’objet de notre venue, histoire de les mettre en confiance. Et très vite, les langues se délient.

La mère de famille nous raconte les raisons et les conditions de leur déplacement. « Nous avons fui Dablo (commune rurale dans la région du centre_nord) pour nous réfugier à Kaya , car nous avons été plusieurs fois menacés de mort par des hommes armés. Nous avons marché pendant des jours sans presque rien manger, dans la peur et dans le froid avant d’arriver à Kaya. Nos voisins aussi ont dû fuir. Plus personne n’y est resté. C’est la terreur », raconte douloureusement Absétou.

Ayant tout perdu dans leur fuite, la famille vit à présent à Kaya de l’aide humanitaire, qui suffit à peine à répondre aux besoins vitaux. « Dans notre fuite, on a tout abandonné. Notre maison, le bétail, nos biens matériels, ainsi que nos victuailles. Nous avons même perdu les documents d’identité de nos enfants. La vie reprend à zéro à Kaya. On doit tout reconstruire. Sans travail, sans source de revenu, c’est difficile », nous confie la bonne dame, au bord des larmes.

Les ETA offrent une seconde chance aux enfants déplacés internes comme Hamidou de pouvoir réintégrer le système scolaire formel


C’est une chance pour Hamidou d’avoir pu bénéficier de l’appui de SOS Villages d’Enfants, qui tente d’apporter soutien et assistance aux personnes vulnérables, malgré le contexte d’insécurité et les besoins sans cesse croissants. Espérant devenir médecin, il promet de bien travailler en classe et fait part de ses besoins : « Je me suis fait de nouveaux amis à l’école [ETA] et j’ai été parmi les meilleurs de la classe l’an dernier. J’aime les calculs et les sciences et j’aimerais devenir médecin. J’aimerais avoir de nouveaux livres et des cahiers, ainsi qu’un nouveau vélo pour être à l’heure à l’école », confie le petit garçon.

Absétou, quant à elle, lance un cri de cœur à l’endroit de l’Etat et ses partenaires afin qu’ils poursuivent et intensifient leurs actions caritatives à l’intention des personnes vulnérables et déplacées internes. « Ici [à Kaya], nous manquons de tout. Nous souffrons de problèmes d’eau et d’alimentation. Mon mari ne travaille plus, et moi non plus… Nous avons 3 enfants à notre charge. L’aide qu’on reçoit est insuffisante. On a besoin davantage de soutien, car la vie devient de plus en plus difficile », implore-t-elle.  Comme toute mère, Absétou souhaite le meilleur pour son enfant. Elle espère que SOS Villages d’Enfants continuera de s’en occuper afin qu’il puisse réussir sa vie et mettre fin au cercle vicieux de la misère dans la famille.


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